Que pouvions-nous rêver de mieux ? Des fans survoltés, un lieu magique, l’annonce d’un nouveau projet à la frontière du Théâtre et du Rock : ce Wattstock 2011 s’annonçait grand. Et il le fut.
C’est en ce samedi 3 septembre que nous nous sommes tous retrouvés au Théâtre du Fil à Plomb, écrin sacré qui accueillait en son sein le plus gros évènement de l’année sur la planète Rock : Wattstock. Philémon de Fer, le maitre des lieux, nous réserva un accueil CMB. Il affichait un enthousiasme débordant, cherchant probablement à masquer son trac. Et on le comprend : ce n’est pas tous les jours que Super5 investissent son théâtre.
Un théâtre : en voilà un endroit saugrenu pour Wattstock. Nos héros nous ont plutôt habitué à des stadiums pleins à craquer, voire la Lune ! Cette fois-ci, ils ont voulu nous transporter vers de nouveaux territoires. Les planches d’un théâtre comme air de jeu, telle était le mojo de cette soirée fantastiquement nommée « Wattstock 2011 – Coup de théâtre ».
Du haut de son estrade, Philémon nous annonça le programme : ce soir, en exclusivité, la toute première représentation de Super5, une vie dantesque, le nouveau projet autobiographique de Super5 !
La lumière pouvait maintenant se baisser, le public scander le nom de ses idoles, la température monter de 17°C, le bon gros son Rock’n’roll emplir la pièce : Super5 arrivaient. Une entrée en scène digne des plus grands shows son et lumière.
Le bassiste avait choisi un style très seventies (1) : une chemise en soie panthère surmontée d’un veston qui invite au touché, un pantalon en cuir thermoregulable, le tout coiffé du légendaire bandeau bleu. Quand au guitariste, les troubles survenus avant Wattstock avaient apparemment eu des effets collatéraux sur son tour de taille. … Enfin nous ne sommes pas tout à fait surs, parce qu’agglutinés dans le public et chahutés par les groupies hystériques, il nous était difficile de bien voir ce qu’il se passait sur scène. Ce qui est certain, c’est qu’il nous avait habitués à plus de goût : sa silhouette saucissonnée dans un pantalon lambda était couverte d’un pauvre t-shirt orangé.
Le bassiste prit alors la parole pour une note d’intention : « … la pièce Super5, une vie dantesque écrite et jouée par Super5 … le pont entre les arts nobles du Théâtre et la fange caustique du Rock’n’Roll … un opéra finalement, un Opéra-Rock même ! … ah non tiens, on n’utilisera pas cette appellation … ». De son côté, le guitariste restait d’une étonnante discrétion (sans parler de sa démarche gauche).
Et le bassiste de conclure : « Place à Super5, une vie dantesque, la saga retraçant de manière féerique l’ascension de Super5 vers les sommets du Mont Rock ! »
ACTE 1 : « La rencontre dans la forêt »
C’est au volant d’une Super5 année/modèle 1988 que l’histoire commence. De retour d’un concert qui envoyait du bois, nos deux Rockeurs en herbe ont des désirs d’avenir. Le bassiste reste subjugué par la prestation qu’il vient de voir. Pourra-t-il un jour atteindre une telle dextérité ? Le guitariste quant à lui a été scotché par l’ambiance : les fans, les paillettes, le spectacle total. Il se verrait bien en haut de l’affiche.
Vu du public, l’environnement s’avérait efficace : lumières dynamiques, décor jouant sur le symbolisme, écriture irréprochable. Il manquait cependant un je-ne-sais-quoi, une osmose, cette connivence qui fait la magie de Super5. Certes, tout ne pouvait pas être de sa faute mais le guitariste en était pour beaucoup. Sa voix nasillarde rendait les répliques agaçantes. Il en devenait presque une parodie de lui-même.
Le récit avance : toujours sur la route, Super5 s’enfoncent dans une forêt lugubre. La nature semble alors se lever contre eux, les éléments se déchaînent. Prise dans une tornade sylvestre, la Super5 finit sa course dans les sous-bois. Les deux Rockeurs reprennent lentement conscience. Côté salle, les murmures allaient bon train quant à l’évidente inégalité du jeu de scène.
C’est à ce moment précis que les comédiens ont été interrompus d’une manière pour le moins « vaudevillesque » : alors que nous étions tous bien calés dans nos sièges, le guitariste de Super5 a débarqué du fond de la salle ! « Je t’interdis de jouer cette pièce sans moi ! » lança-t-il au bassiste visiblement excédé, et révélant ainsi la supercherie du faux guitariste qui s’agitait sur les planches.
Un faux guitariste de Super5 sur scène
+ le vrai guitariste de Super5 qui tape un scandale
+ le bassiste qui a l’air de lui en vouloir à mort
+ un seul rouleau de papier-toilette pour 50 personnes
=
un Wattstock qui démarre à fond les ballons !
(la suite ici)
(1) Il nous confiera plus tard avoir voulu rendre un hommage appuyé à l’un de ses maîtres : Jimi Hendrix.