(ceci est la suite de cela)
Les membres de chaque groupe passent sur scène pour présenter leur vidéo. C’est beaucoup de pression mais Super5 tiennent à vérifier le résultat. Les clips se succèdent sous l’orchestration des Rockstars qui jubilent : « On n’avait pas vu un tel fourmillement de créativité depuis le Burning Man ! » L’audience est en ébullition.
Pour Bebop la guerre, le groupe de légende se prépare à assurer la musique en guise de final : « Ce morceau a été repris par les Ramones en 75. Je crois qu’ils l’avaient appelé Blitzkrieg Bop. Si c’était pour pondre un titre pareil, ils pouvaient garder l’original. » Fou rire général.
Dada – le roxor du staff technique – intervient sur scène entre deux rafistolages de plateau. Il lève alors une petite roche couleur carotte, d’allure singulière et dégageant une aura puissante. « On a retrouvé une clef usb orange dans les toilettes sèches. Si quelqu’un parmi… » « Belek ! » lance Super5 en oubliant qu’il crie dans le micro. L’onde sonore abat deux arbres derrière le public. Il jette un regard à son partenaire (mhh gay), réfléchit deux secondes et annonce : « En fin de comptes, ce sont les Hydroponiks qui vont jouer cette chanson. Nous, on revient juste après. » Les fans n’en demandaient pas tant ! Les Hydropo en special guests sur Wattstock 2009, yeepa ! Au pied levé, ils nous offrent une interprétation sensationnelle de Bebop la guerre. Pendant ce temps, Super5 restent planqués en coulisses. En train de se repoudrer le nez ?
À la fin du morceau, les Hydroponiks s’éclipsent humblement sous les ovations débridées des fans en furie. Les lumières se baissent. Un brouillard digne d’un loch écossais se lève. Derrière la fumée se dessinent deux silhouettes. « Super5 ! Super5 ! Super5 ! »
Ils apparaissent comme on ne les avait jamais vus. Super5, débardeur blanc à l’effigie du groupe, a gardé son bandana auquel il a ajouté un badge finement ciselé. Le jeans nonchalamment déchiré par une groupie surexcitée laisse entrevoir une rotule parfaite. Pour parfaire le tout : une paire de lunettes stroboscopiques chevauche son nez aquilin. Super5 quant à lui, tout à fait assorti à son instrument (mhh gay), a opté pour un full moumoute : mitaines et guêtres en fourrure blanche de sasquatch des Pyrénées – une tribu d’Espagne lui a fait cette offrande durant l’été, sur le pic Maldito, en l’honneur de sa « Pilumeta Grande » (intraduisible). Son t-shirt est celui de la première du groupe à New New York.
L’antenne médicale du festival est débordée : étourdissements, comas, autocombustions.
Les Rockstars s’avancent au devant de la scène. Leurs simples pas soulèvent la foule. Une vague scélérate vide la piscine.
— Cette clef usb qu’on a retrouvée contient un des clips de la Galette. On l’avait réalisé avec ce vieux routard de Phil.
— Une chance que ce clip ait été sauvé des flammes, parce qu’il déchire.
— Il s’intitule Balançoire stellaire.
La clef s’envole vers l’ingé son, les projecteurs se braquent sur Super5, les amplis grésillent, les images dansent sur l’écran :
Durant le show, on aperçoit Brutal Deluxe, en pleurs. Sa présence met Super5 en transe, d’autant que ce vieux crocodile n’a pas versé une larme en 25 ans de carrière. Sandrine tente de toucher la main des Rockstars, mais vu le regard que lui lance Super5, elle aura bien plus en coulisses. Le guitariste joue à une fréquence tellement haute qu’une des vitres de la Super5 éclate. Les fans prennent une claque astronomique. Dans les étoiles. Nous y sommes.
Super5 concluent le morceau et quittent un public aux anges, sur ces mots :
It’s just Rock’n’Roll.
Fin.
(hé, vous avez vu ? On a relancé le compte à rebours)
(musique : Rock ‘n’ Roll Star de Oasis – Tous droits réservés)
(vidéo : tous droits réservés)